Un magnifique roman, sur une femme qui trouve son chemin après que sa compagne rompe avec elle.

J’ai trouvé ce livre un peu par hasard, en février dernier. Ma librairie avait réalisé une table « St Valentin », composées de roman d’amour, et la couverture m’a attirée. Comprenez, deux femmes qui s’étreignent, sur une table destinée aux romans d’amour ! C’est assez rare pour avoir capté mon attention. Rétrospectivement, je ne sais pas trop ce qu’il faisait là, au milieu de toutes ces jolies histoires qui se finissent bien. Ce n’est pas un roman d’amour, c’est un roman de rupture, un roman qui se situe après l’amour, comme le titre l’indique. Il ne se finit pas mal. Il parle d’amour. Mais il parle surtout de rupture avant tout.

Déjà, le roman s’ouvre sur une rupture, lorsque la narratrice, anonyme, est quittée par sa compagne, Paola, avec laquelle elle vivait depuis 10 ans. Commence alors pour la narratrice, un voyage pour se reconstruire et se retrouver.

Cette reconstruction commence par un enchaînement de conquêtes. La narratrice les trouve partout : sur internet, grâce à des connaissances communes, dans le cadre de son travail … Elles sont toutes plus différentes les unes que les autres, certaines sont lesbiennes et assumées, d’autres sont bi ou se cherchent, d’autre, encore, profite de l’anonymat offert par les sites de rencontre pour trouver des compagnes sans avoir à faire de coming-out à leur entourage. Elle se recherche avec ces conquêtes, cherche à retrouver ce qu’elle avait avec Paola, sans vraiment parvenir à l’atteindre. Alors, elle va voir un psy, elle cherche des réponses dans ses origines, elle se démène pour essayer de trouver comment trouver un sens à ce qui n’en a plus. Certaines de ces relations sont belles, d’autres sont chaotiques et destructrices. C’est finalement grâce à Héloïse qu’elle retrouvera la sérénité, au bout d’un temps infiniment long.

L’écriture est à la fois poétique et très crue, très sexuelle. Les scènes de sexes sont nombreuses et écrites de manière explicite. Pourtant, elles sont écrites avec qualité, et montrent toujours consentement et plaisir. Même à travers une écriture crue et érotique, on peut trouver une certaine poésie, une certaine douceur. Elles côtoient des scènes plus douces, plus sentimentales, où la narratrice parle de ses sentiments de manière poétique, imagée. Les scènes de vie sentimentale et sexuelle sont entrecoupées de réflexions plus théoriques sur l’amour en général. Elles arrivent soit par des monologues internes de la narratrice soit par ses discussions avec d’autres personnages. Elles donnent au lecteur matière à réflexion, on se demande quel est notre rapport à l’amour, et comment il est lié à notre rapport à nous-même.

C’est un roman que j’ai trouvé très beau, très doux, qui donne un magnifique message d’espoir. Il donnerait presque envie de rompre. Presque. Parce qu’avant la reconstruction, cette magnifique dernière scène où la narratrice prend conscience d’être enfin libérée de l’emprise de cette relation longue, la narratrice en bave. Beaucoup. Même les relations les plus belles sont vouées à l’échec et font très mal lorsqu’elles se terminent. Et pourtant, c’est toujours l’amour et la beauté de cet amour qui ressort ; la passion aussi. Et l’érotisme. Enfin, avec Après l’Amour, on est plongé dans le cœur des relations entre femmes, dans tout ce qu’elles ont de beau et de sensuel.

Fiche technique :

Titre : Après l’Amour

Auteur : Agnès Vannouvong

Langue originale : Français 

Date de publication : 2013

Éditeur : Gallimard, collection Folio